Résoudre et la Fédération de La Ligue de L’enseignement d’Indre-et- Loire ont décidé de regrouper leurs compétences pour créer ce qui sera probablement le premier tiers-lieu social et solidaire s’inscrivant dans une démarche d’Éducation Populaire affichée et revendiquée.
Les responsables des deux associations m’ont demandé de les accompagner dans la phase d’élaboration du projet.
Nous sommes entrés dans le vif du sujet le 24 février. Ce jour-là, les deux associations avaient organisé une journée en direction de leurs équipes, de plusieurs fédérations de la Ligue, de la Confédération Nationale et des partenaires du territoire de Joué-Lès-Tours. Les échanges, débats, présentations de projets et ateliers nous ont permis d’enrichir le projet et, plus globalement, de travailler sur les enjeux du numérique par le prisme de l’Education Populaire.
J’ai, pour ma part, contribué à la conclusion des travaux en faisant part de la façon dont j’avais ressenti la journée et en extrayant ce qui me paraissait important de retenir des échanges.
J’ai d’abord pu témoigner de la qualité des échanges qui ont permis de ne pas se perdre dans une approche technologique, mais de mesurer les enjeux du numérique en termes d’éducation, de gouvernance et d’innovation sociale. J’ai pu relever que les participants avaient mis en exergue la nécessité d’un travail d’accompagnement auprès des professionnels et de ceux qui, plus globalement, faisant acte d’éducation, sont bousculés dans leur pratique quotidienne et doivent nécessairement revoir et leur posture et leur démarche pédagogique. J’ai fait remarquer que les débats avaient permis de pointer la nécessité de prendre le temps nécessaire pour accompagner ces évolutions sociétales et ne pas se laisser porter par le rythme des innovations. Puis, s’agissant également de la vie associative, les questions de la coopération et de la gouvernance ayant été abordées, j’ai invité les participants à se laisser porter par ce que le numérique engage dans la modification de l’exercice du pouvoir. J’ai voulu également attirer l’attention sur l’évidente cohérence entre l’usage et la promotion des logiciels libres d’une part et la démarche d’Education Populaire d’autre part. Enfin, j’ai conclu mon propos par une invite à garder un regard critique sur le numérique, en précisant qu’ à ce titre je restais très réservé sur le terme de « révolution » lorsque l’on parle du numérique.
Le lendemain, nous nous sommes retrouvés en petit comité pour structurer une proposition du projet, enrichi par les interrogations et les propositions de la veille. La proposition s’appuie sur les valeurs de l’Éducation Populaire, s’illustre par des perspectives d’actions s’inscrivant dans le champ de la formation tout au long de la vie et propose une gouvernance en cohérence avec la volonté de faire s’approprier le projet par ceux qui le feront vivre. Plus qu’un équipement, c’est d’abord un projet dans et hors les murs qui vise à se faire rencontrer, dans un monde où ils se côtoient peu, les acteurs de l’Éducation Populaire, de la politique de la ville, du numérique , de l’Éducation formelle et informelle, de l’économie marchande et non marchande.
Le projet sera rapidement présenté au deux Conseils d’Administration et permettra à Résoudre et à la Ligue de répondre à l’appel à projet de la Région Centre pour la création de Tiers-Lieux.
Jacques HOUDREMONT